4/03/2014

Être parent est un sport extrême

Me revoicie après des mois d'inactivité et un hiver pas possible.

Quand j'ai cessé d'alimenter mon blogue en novembre dernier, j'ai pensé à le fermer.  Je vous ai même écrit un beau message d'adieu larmoyant, mais il est demeuré dans mes brouillons car je n'étais pas encore certaine que l'aventure de la blogosphère était terminée pour moi.

Alors, j'ai réfléchis.  J'ai passé de nombreuses soirées à fixer le plafond du salon à me demander pourquoi je continuerais à bloguer. Je me disais qu'elle était peut-être passée cette mode de bloguer sur le thème de la maternité.  Je me disais que je devrais peut-être passer à autre chose après toutes ces années. Pourtant, même si je n'avais plus l'énergie, j'avais encore envie de partager avec vous..

En fait, je n'avais plus envie de faire l'effort de continuer simplement parce que j'étais fatiguée.  Vraiment fatiguée.  Fatiguée au point de laisser tout traîner dans la maison,  au point d'oublier de faire le lavage et de m'alarmer à dix heures du soir parce qu'on avait rien à porter pour le lendemain.  Fatiguée au point d'acheter que des repas préparés ou congelés pendant des semaines. Fatiguée au point de ne plus avoir envie de regarder l'agenda de devoirs de mon aîné et carrément écoeurée de tous les formulaires d'école à remplir.  Je n'avais plus envie de voir en peinture toutes les intervenantes et éducatrices spécialisées pour mon cadet autiste.  Je n'avais plus envie de coopérer.  Il me semblait que tout le monde était après moi.  J'avais envie d'avoir la paix.   Juste la Sainte paix!

Or, sans m'en rendre compte, ce retrait de la blogosphère a pourtant fait naître en moi une réflexion sur nous, les parents, hommes et femmes.   Devenir parent est exigeant car on ne sait jamais ce qui nous pend au bout du nez.  C'est un peu comme un saut en bungee (quoi que je n'ai jamais eu le courage de le faire même si j'ai déjà eu le goût).   Avant de se lancer dans le vide, on en a envie, on le souhaite de tout coeur, mais un jour, on est en haut du tremplin et il faut sauter.  On ne sait pas à quoi s'attendre, on a des papillons dans l'estomac, on frétille d'excitation à l'idée de tenir un petit poupon tout rose dans les bras.  On n'en dort plus.  Des fois, on a peur.

Et puis un jour, on retient sa respiration et on saute. Le coeur nous manque.  Ça ne ressemble en rien à ce qu'on avait lu dans les livres.    On a mal au coeur, ça fait mal partout, ça déchire.   On se dit : « oh non, qu'est-ce que j'ai fait? » et puis on espère que ça arrête quand ça fait 72 heures qu'on ne dort plus.

Mais la « ride » n'arrête jamais.  C'était écrit en petits caractères quelque part au bas du contrat, mais on a rien vu et on a signé.   Comme en bungee, on saute puis on rebondit.  Et on ne cesse de rebondir.  Par moment, c'est même pire que le saut en bungee, car lui, il s'arrête au bout d'un moment.  Mais on ne cesse jamais d'être parent. 

Et puis, les épreuves n'étaient pas prévues au contrat non plus.  C'était pas écrit nul part qu'on allait déchirer bord en bord à l'accouchement.  Non, cette information est réservée aux initiées. Notre enfant est handicapé ou malade.  C'était pas prévu.  On voulait un seul enfant et on a des triplets.  Pas prévu non plus. On a la grippe espagnole avec 200 degrés de fièvre, mais il faut servir les repas.  C'était pas prévu.  On imaginait une vie équilibrée, parfaitement conciliée, mais on est toujours stressé pareil.  Ça non plus, on n'y avait pas pensé.  On croyait reprendre notre poids santé après la grossesse, pffff.   On croyait que nos beaux petits enfants mignons n'allaient pas développer un caractère de chien?  Re-pfffff.   On croyait qu'on n'allait jamais se chicaner avec notre amoureux ou nos enfants.  Désolée, on ne vit pas dans un conte de Walt Disney.  On croyait vivre en famille nucléaire jusqu'à la fin des temps?  Sorry, better luck next time.

Bref, être parent, c'est comme pratiquer un sport extrême.   On ne sait jamais ce qui va arriver, on doit faire des prouesses impossibles pour se sortir de situations inimaginables (on doit même raconter de petits mensonges parfois!),  on doit se plier en quatre ou même en huit pour faire plaisir, on doit négocier serré les virages, affronter des tsunamis d'émotions et d'humeurs féroces et toujours garder le cap.  Et quand ça va mal, on se ferme les yeux pour ne pas avoir peur.  Et pourtant, malgré tout, on aime ça.  Tellement, qu'on recommence.

Mais des fois, on est seulement fatigué de repousser les limites.  Juste ça.  Et il faut prendre un break.   C'est ce que j'ai fait.

Et j'ai retrouvé la forme. ;-)

2 commentaires :

  1. Le temps, finalement, il arrange bien des choses.

    On prend le -temps- d'avoir du recul et de prendre de meilleures décisions.

    On prend le -temps- d'encaisser les chocs, les nouveaux diagnostics, de vivre un deuil et de s'adapter au quotidien et à la routine.

    On s'organise pour se trouver du -temps- , que ça soit du répit offert, un emploi à temps partiel, se trouver des raccourcis pour avoir l'impression de mieux surivre.

    Tellement bien dit, c'est tellement **ça**.

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  2. Merci pour ton commentaire Isabelle...toi aussi tu le formules très bien! Il faut prendre le temps de prendre le temps, dit-on!

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