12/28/2014

« Maman, je ne suis pas beau! » me dit mon fils de dix ans.


Je n'ai pas fait de spécial Noël et je ne sais pas si je ferai un spécial Résolutions 2015 parce que bien d'autres le font.  Par contre, je vous souhaite de passer de bien belles fêtes et de manger et de festoyer suffisamment pour avoir envie de prendre un break en janvier ;-)

Il y a quelques mois, mon aîné a déclaré haut et fort qu'il ne se trouvait pas beau.  Trop maigre, pas assez musclé, pas assez ceci, trop cela.  J'avoue avoir été surprise d'abord parce que c'est un garçon mais aussi parce qu'il n'a que dix ans.  Je ne croyais pas qu'un petit garçon (qu'on dit maintenant pré-pubère) avait ce genre de préoccupations.

En parlant avec lui, je me suis rendue à l'évidence qu'il n'y a pas que les petites filles qui sont influencées par les images médiatisées de visages et de corps parfaits qu'on voit partout.  Ces images s'accrochent à l'imaginaire et deviennent une sorte de norme, tant pour les filles que les garçons.   Et si nous voulons être parfaitement honnêtes, ce phénomène n'a rien de nouveau puisqu'il existait aussi quand j'étais adolescente.  Les magazines féminins et la télévisions nous renvoyaient à ces images qui nous donnaient toutes envie de faire une diète aux quinze jours ou de se tuer à faire du sport.

Cela dit, si vous avez des enfants pré-ado, et surtout de jeunes adolescentes, qui flirtent avec l'idée de devenir mannequin ou encore qui ne se considèrent pas assez parfaites, je vous encourage à leur faire écouter ce discours de Cameron Russell, une jeune mannequin, présenté lors d'une conférence TED en 2012.


Cette jeune femme réservée, rendue insécure par son métier, raconte à quel point les images qu'on voit d'elle sont en vérité des constructions de toutes pièces qui n'ont rien à voir avec la réalité.    Bien que nous le sachions, il est bon de se le rappeler et surtout, d'éduquer nos enfants dans ce sens.  Le pouvoir de l'image est grand et transforme la perception de nos succès et de nos échecs...et ceux des autres aussi.

« Si vous devez retenir quelque chose de mon exposé, j'espère que ce sera que nous nous sentons tous plus à l'aise en reconnaissant le pouvoir de l'image dans la perception de nos réussites comme dans celles de nos échecs » - Cameron Russell.


La vidéo est disponible en anglais seulement, mais le sous-titrage ainsi que sa transcription son disponibles en français.

12/22/2014

L'austérité a-t-elle sa place en éducation?

Je suis mère de deux enfants d'âge scolaire.

L'un va au cheminement régulier, l'autre est dans un programme adapté pour enfant TSA.

Dans les deux cas, j'ai vu des enseignantes (il y a très peu d'hommes dans la profession), se démener pour trouver des solutions personnalisées pour mes enfants.  D'accord, dans certaines situations, j'ai chiâlé, mais au fond, j'ai vu des enseignantes travailler bien au-delà des heures pour lesquelles elles sont payées pour aider mes enfants.

Tous les ans, je suis convoquée pour le plan d'intervention.  Invariablement, les enseignantes de mon aîné et celles de mon cadet, font un plan personnalisé dont le seul but est d'assurer leur réussite scolaire.  Ce plan comporte de nombreuses initiatives qui requièrent du temps et de la patience pour les enseignantes.  À chaque fois je me dis : « Ciel, si toute cette attention est donnée à mon enfant, combien d'heures passent-elles par semaine pour aider l'ensemble du groupe? ».  Les enseignantes font vraiment tout en leur pouvoir pour aider mes enfants à aimer apprendre.  Elles passent des heures et des heures à inventer des moyens plus originaux que les autres pour que nos petits apprennent à aimer l'école, cultivent leur goût de l'apprentissage, développent leur confiance en eux.

Je suis parent et j'ai bénéficié d'une éducation, certes imparfaite, mais suffisamment adéquate pour continuer d'aimer à apprendre.  Je souhaite que mes enfants poursuivent leur cheminement dans la même veine.   L'éducation est le nerf de toute société qui se dit progressiste.   Si l'éducation est désormais considérée comme un luxe, je m'inquiète grandement. 

Pire, si on improvise en éducation, je suis consternée.  Le programme éducatif d'une société ne peut être géré à l'aveuglette, à tâtons.  La finalité de l'enseignement n'est-elle pas d'apprendre à nos enfants à penser d'eux-mêmes et à reconnaître le bonheur d'être autonomes dans leurs pensées et leurs actions?  L'enseignement ne se veut-il pas inclusif, soucieux du bien-être de tous les enfants?  Il n'y a pas de place pour l'improvisation quand la finalité est si noble.

Si nos enfants se perdent dans des classent inhumainement surchargées, si leurs enseignants sont tellement débordés par la tâche et la gestion de classe, comment pourront-ils atteindre leur plein potentiel?  Et je n'aborde même pas ici la revalorisation de l'enseignement public face à celui qui est dispensé au privé.  L'austérité a-t-elle vraiment sa place en éducation?

 Bref, je suis une mère inquiète.  




12/14/2014

Le Canada permet toujours les punitions corporelles aux enfants.

On a tous perdu patience avec nos enfants.

On a tous entendu maman, belle-maman ou une matante nous dire : « Donne-lui donc une petite tappe, c'est pas la fin du monde! ».

Une fois, j'ai donné une tappe sur les fesses à mon plus vieux et je me suis sentie comme une mégère directement sortie du Moyen Âge.  Comment un adulte, de surcroît un parent, peut-il imposer sa force physique à un tout-petit?

Au Canada  pourtant, c'est permis.  Une loi de 1892 autorise les parents à corriger physiquement leurs enfants âgés de 2 à 12 ans :

Tout instituteur, père ou mère, ou toute personne qui remplace le père ou la mère, est fondé à employer la force pour corriger un élève ou un enfant, selon le cas, confié à ses soins, pourvu que la force ne dépasse pas la mesure raisonnable dans les circonstances.
43 pays dans le monde interdisent désormais les punitions corporelles aux enfants
43 pays interdisent désormais les punitions corporelles, mais pas le Canada.

Quelle est cette mesure raisonnable dont parle le code criminel?  Comment pourrait-on la quantifier, la qualifier?

En 2004, la Cour suprême du Canada a émis un jugement qui venait préciser la vieille loi du code criminel.  Ainsi, les corrections corporelles pouvaient être administrées à des enfants de 2 à 12 ans, si l'enfant pouvait apprendre de cette leçon, si la correction était jugée mineure ou n'était pas administrée avec un objet, si elle n'était pas jugée inhumaine, dégradante ou douloureuse et qu'elle ne devait pas être le résultat d'une perte de contrôle, frustration ou comportement abusif de la part du parent.

Pourtant, 43 pays à ce jours ont décidé de rendre illégales les punitions corporelles faites aux enfants.  Le magazine Time.com a publié la liste de ces pays et quelques faits étonnants sur le sujet, notamment :  seules les filles sont épargnées par les punitions corporelles en Chine, à Singapour, en Inde et au Qatar, les enfants peuvent légalement recevoir des coups de cannes (eh oui!), être fouettés ou battus.

Je ne comprends pas pourquoi le Canada maintient cette loi.  Elle n'a plus aucun fondement dans notre société.  Suis-je la seule à penser ainsi?

11/23/2014

Je causerai de choses sérieuses et tant pis pour les vingt-deux grandes vérités sur le sexe

En ce moment, l'actualité déborde de sujets préoccupants pour les parents. Des sujets sérieux, pas sexy pantoute à l'heure où on préfère les vingt-deux grandes vérités sur le sexe.  Ce que je vais dire sera bien beige dans une perspective Facebook.

D'un côté, il y a ces politiciennes et politiciens qui nous gouvernent et, au nom de je ne sais quoi, décident de renier leurs promesses électorales pour abolir la tarification universelle des services de garde sans même prendre le soin de mesurer les conséquences de leur décision auprès de la population.  Cette décision pourrait-elle avoir un impact sur les femmes, les familles, les enfants?  Sais pas...on a pas vérifié, d'avouer Madame la ministre de la famille...

De l'autre, un policier, impliqué dans une histoire de filature, roule à 120 km/heure dans une zone de 50 km/h et tue, impunément, un enfant de 5 ans dans sa course folle.  Aucune accusation portée contre lui, même si sa conduite pouvait compromettre la sécurité (et la vie) d'un tout jeune citoyen.  On préfère reprocher au père de la jeune victime d'avoir été dans l'chemin.  On cherche à justifier les actions d'un policier qui - de par son manque de jugement - a mis en danger la sécurité des citoyens, causant même la mort.  Est-ce normal ? Un policier n'a-t-il pour autre fonction que de protéger les citoyens? Était-il obligé de rouler à 120 km/h?  Non, il a fait un choix, pris une décision sans même réfléchir deux secondes aux conséquences possibles de celle-ci.  Et dans ce cas, elles furent fatales.  Et le pire, c'est que la SQ cherche à transférer le blâme sur le père de la petite victime.  Pas trop édifiant.

Et à  Stéphane Gendron, qui croit que le policier n'a rien à se reprocher,  je répondrai que de rouler à 120km/h dans une zone de 50km/h réduit de beaucoup le temps de réaction de quiconque.  Et que d'emblée, c'est une mauvaise décision.  Point à la ligne :

Si le père s'était engagé correctement dans la voie de circulation appropriée, il ne se serait pas retrouvé sens contraire en plein milieu de l'auto banalisée qui arrivait à vive allure. Au pire, le policier aurait passé son chemin et les deux véhicules ne se seraient jamais touchés. Ainsi, la vitesse excessive du policier-enquêteur de la SQ ne pouvait être tenue pour responsable de la mort de l'enfant. Point à la ligne.

Il n'y a pas de lien entre ces deux situations et pourtant, elles révèlent éloquemment à quel point certains dirigeants, institutions ou représentants de la loi ne se soucient guère des conséquences de leurs actions face au citoyen moyen. Vision étroite, on gère de manière comptable. On s'inquiète peu de l'humain et encore moins de son bien-être et de son devenir. On prend des décisions avant même de les avoir évaluées. On manque gravement de jugement.

Ces deux cas me scient les jambes.  Ça me choque d'autant plus pour l'avenir de mes fils.  Honnêtement, ces dérapages me foutent la trouille, parce que l'avenir pourrait être bien décevant si on continue dans cette voie.

Sur ce, I rest my case, comme on dit en chinois.  Et pour les 22 vérités sur le sexe, on repassera.  Désolée de vous décevoir.


9/28/2014

Si j'avais onze ans, je changerais le monde...

Une jeune cinéaste australienne, Genevieve Bailey, a parcouru 15 pays pour interviewer des enfants de onze ans sur leurs aspirations, leurs rêves, leur vision du monde.  Après six ans de tournage, elle a présenté I am eleven, un documentaire qui a remporté de nombreux prix dans son pays d'origine, mais également aux États-Unis, en France, au Brésil et en Espagne.

Au début de septembre, son documentaire a été rendu public aux États-Unis et la jeune cinéaste récolte d'excellentes critiques, même si certains lui reprochent d'avoir une vision trop idéaliste de l'enfance.

Ces jeunes de onze ans ont partagé leur rêves, leur opinon sur l'amour, la guerre, le réchauffement climatique, la musique, le terrorisme, la famille, la culture, le bonheur.  Autant de thématiques profondément humaines et touchantes.

Voici un aperçu :




Genevieve Bailey raconte son expérience :

This City Speaks: Genevieve Bailey from This City Speaks on Vimeo.




J'ai demandé à mon fils de dix ans et demi d'énumérer, dans ses mots, ce qu'il changerait sur cette terre s'il le pouvait :

1. Mettre fin à la violence et à l'intimidation
2. Les mots violents
3. Les gens qui ne respectent pas les règles
4. La pauvreté
5. Pas de vandalisme (ex. graffitis)
6. Plus de partage entre les riches et les pauvres
7. Aider des pays qui ont des maladies graves
8. Plus de respect aux enfants
9. Donner plus de temps libre
10. Faire attention à la santé

La vérité sort de la bouche des enfants....

PS : le film n'est pas encore à l'affiche au Québec....je cherche...

9/23/2014

Maison Kangourou : une première maison de répit pour les parents ouvre ses portes au Québec

Il y a environ deux ans, j'avais eu une belle discussion avec Josée Fortin, l'idéatrice et fondatrice de la Maison Kangourou.

Son projet sera officiellement lancé cette semaine.  Elle doit être contente!  Je suis très heureuse que sa bonne idée soit désormais réalité.

Maison Kangourou - Reportage Le Soleil
Source Le Soleil : Bouleversée par les meurtres de Guy Turcotte, Josée Fortin consacre son temps depuis 2011 à l’hébergement d’enfants dont les parents vivent des crises temporaires. Elle nous a fait visiter son premier centre d'urgence et de première ligne pour enfants qui ouvrira officiellement le 23 septembre prochain à Montréal, mais elle rêve déjà d'en ouvrir dans d'autres villes du Québec.
C'est précisément le type de service dont tous les parents ont rêvé un jour ou l'autre.  La fois où vous avez été gravement malade et personne ne pouvait prendre les enfants en charge? La fois où vous ou votre conjoint avez perdu votre emploi?  La fois où vous avez fait une dépression?  La fois où vous avez pogné les nerfs d'aplomb?


La Maison Kangourou est le premier centre d’urgence et de première ligne au Québec en matière d’hébergements qui accueille des enfants dont les parents vivent des situations difficiles temporaires. Cette nouvelle ressource est mise à la disposition de toutes les familles de la grande région de Montréal et des environs. Les parents peuvent confier leurs enfants au centre le temps que leur situation se rétablisse. Le projet est réalisé en partenariat avec plusieurs organismes dont l’Hôpital Sainte-Justine, Opération Enfant Soleil, le RISQ Réseau d'investissement sociale du Québec, Mouvement Desjardins Services de cartes et Monétique et la Fondation Bon départ des magasins Canadian Tire du Québec.

9/21/2014

Coupures dans le congé parental et fin de l'universalité des services de garde : je réagis!

Au cours des dix dernières années, j'ai cru que nous avions évolué.

C'était bête.  En lisant les nouvelles de la semaine, je me suis rendue compte que ce n'était qu'une illusion.  Notre actuel gouvernement songe à réduire l'universalité des services de garde et à sabrer dans le programme de congé parental, sous prétexte qu'il est trop généreux comparé à celui des autres provinces canadiennes.  Je suis bien d'accord pour qu'on s'offre des services à la hauteur de nos moyens, mais si ces programmes sont diminués arbitrairement, je vois déjà bien des femmes et des hommes se questionner sur leur envie de fonder une famille ou encore, qu'on en revienne à s'appauvrir pour avoir des enfants en se privant d'un salaire.

Laissez-moi vous dire pourquoi ces services ont été importants pour moi.

Maintien de la sécurité financière
Je suis issue de la classe moyenne ordinaire.  J'ai obtenu une maîtrise en histoire puis j'ai eu des emplois à contrats, et par définition - instables - jusqu'au milieu de la trentaine.  Alors que j'accédais à un peu plus de stabilité dans un poste de cadre de premier niveau à trente-cinq ans, je tombais enceinte de mon premier fils.  Le papa était alors travailleur autonome et ne roulait pas sur l'or et je remboursais encore mon prêt étudiant.  Il n'y avait pas encore de congé parental.  On recevait alors une prestation de chômage de 351$ par semaine, moins deux semaines de carence.  Avoir un premier enfant nous plongeait dans une situation précaire.
 
Tableau du Régime québécois d'assurance parentale

J'ai pris 9 mois de congé malgré tout puis il fallait trouver une garderie.  Rien de disponible dans les CPE, j'ai été obligée de me rabattre sur une garderie privée à 700$ par mois (c'était en 2004).  Notre loyer mensuel d'alors était de 730$, dans le quartier Villeray à Montréal. 

C'était avant les remboursements progressifs pour les frais des services de garde privés.  Le coût de la garderie nous étouffait car il fallait attendre le retour d'impôt de la fin d'année pour obtenir notre compensation.  Puis, je me suis rendue compte que j'étais retournée trop tôt au travail, ma dépression post-partum mal soignée a dégénéré.  Quatre mois après mon retour au travail, j'ai plongé dans une dépression majeure.  J'ai été en arrêt de travail pendant 4 mois.

Le salaire annuel moyen au Québec est de 42 000$, soit environ 800$ par semaine.  Dans le commerce du détail, les salaires sont encore plus faibles.


Arrivés en banlieue, nous avons trouvé une autre garderie privée, un peu moins chère, à 560$ par mois, mais la nouvelle hypothèque était un peu plus importante que notre précédent loyer. En combinant nos REER accumulés, nous avons réussi à accéder à la propriété en quittant Montréal, mais c'était une maison qu'il fallait rebâtir au complet.

Il nous a fallu quatre ans pour se remettre de cet épisode et commencer à penser à un autre enfant.  Quand j'ai eu mon deuxième fils, j'avais quarante ans et j'ai eu droit au véritable congé parental.  Cette fois, j'ai pris un an, ce qui a été bénéfique pour toute la famille.  Le plus vieux commençait l'école alors que le cadet avait à peine quelques mois.  En étant à la maison, j'ai ménagé mon énergie pour ne pas faire une deuxième dépression.  J'ai réussi.  Puis, j'ai eu la chance inouïe d'avoir une place en CPE pour mon plus jeune.    

Le congé parental et les services de garde abordables nous ont permis d'ajuster nos vies sans fragiliser une sécurité financière à peine consolidée au deuxième enfant.  Les services de garde à 7$ nous ont permis de continuer de vivre décemment avec deux enfants et une hypothèque.   À deux enfants, le service de garde à 7$, c'est quand même 300$ par mois.  Pour une famille de la classe moyenne au Québec, c'est une grosse dépense.  N'oublions pas que salaire moyen d'un Québécois travaillant à plein temps est d'environ 42 000 $ par an, soit environ 800$ par semaine.  Et dans le commerce de détail, les salaires sont encore plus faibles.

Pour la première fois dans l'histoire, les femmes n'étaient plus seules à avoir des enfants
Or, les services de garde à 7$ mis sur pieds en 1997 ainsi que le congé parental instauré en 2006, ont fait plus que de nous donner les moyens financiers d'avoir des enfants.  Ces services ont contribué à sensibiliser les employeurs au fait que d'avoir des enfants et de prendre congé n'était pas un caprice de bonne femme, mais bien une étape normale de la vie.  Pour les femmes, ce message a eu un impact majeur.  Pour moi, qui était jeune cadre contractuelle, c'était un statement sans précédent.

Je pouvais m'affirmer dans mon nouveau rôle de mère sans sacrifier ma carrière.  Dans bien des milieux, les femmes ont cessé d'avoir peur d'annoncer leur grossesse et de perdre leur emploi. La culture a changé pour les hommes aussi, les pères ont aussi adopté le congé parental. Pour la première fois dans l'histoire, les femmes n'étaient plus seules à avoir des enfants.  Les services de garde abordables ont fortement contribué à faciliter le maintien en emploi de nombreuses femmes nouvellement mères de famille.  En 2008,  le taux d'activité des mères québécoises de jeunes enfants (76,1%)  surpassait celui des ontariennes (72,8%) et des canadiennes (72,6%) [Un portrait statistique de la famille, Institut de la Statistique du Québec, p.7].

Symboliquement, l'actuel gouvernement nous dit qu'il s'agit d'un luxe d'avoir des enfants.   Si on regarde la courbe démographique du Québec, ce ne l'est pourtant pas.  La population continue de vieillir et peine encore à se reproduire, malgré une légère augmentation du taux de natalité ces dernières années.  Se prévaloir d'une année d'arrêt pour un enfant est normal, M. Couillard.   Ce n'est pas un luxe que d'accorder aux familles le temps et les moyens de s'occuper de leurs enfants adéquatement.  Non, je ne veux pas revenir à l'époque où les femmes n'avaient d'autres choix que de rester à la maison.   Socialement, ce serait une bêtise énorme.

7/08/2014

Le petit guide de survie du parent solo

Voilà maintenant deux ans que je suis séparée et monoparentale du dimanche au jeudi et un samedi sur deux.  J'attendais ce deuxième anniversaire avec impatience, car j'avais lu quelque part qu'il fallait au moins deux ans pour se réorganiser entièrement après une séparation.

Je peux maintenant affirmer que ce fut vrai pour moi.  Se réorganiser signifie d'abord de se retrouver soi-même, puis avec les enfants, et se réinventer une vie familiale sans l'autre parent.  Pour moi, c'était important de trouver cet équilibre sans compenser en recréant artificiellement une vie de couple trop vite, juste pour ne pas faire face à mes squelettes qui se bagarraient allègrement dans le placard.

Ces deux années m'ont aussi permis de mieux comprendre mon nouveau contexte familial.  En 2011, il y avait 1 273 240 familles avec enfants au Québec et 29% d'entre elles étaient monoparentales.  C'est un peu plus d'une famille sur trois.  Du coup, je me suis sentie moins seule...De ce nombre, 76% des familles monoparentales sont dirigées par des femmes. 

Maintenant que je retrouve la forme, voici quelques-une de mes réflexions qui pourraient vous être utiles si jamais vous vivez aussi une séparation (même si je ne vous le souhaite pas) :


Et pour terminer, on doit se rappeler continuellement qu'il y a une vie après la séparation. Ce ne sera pas la vie d'avant, mais ce sera la vie quand même.  Et cette vie peut être enrichissante.  Les enfants sont résilients et tant que les parents les rassurent sur la suite des choses, ils s'en remettront beaucoup plus facilement.


   

5/11/2014

La fête des mères, c'est tous les jours

C'est pas juste aujourd'hui.  C'était hier aussi.  Et ce le sera encore demain.

Depuis que je suis mère, c'est ma fête tous les jours.  Même quand ils se paient ma tête, qu'ils se foutent de ma gueule, qu'ils passent comme une tornade dans la maison.

C'est ma fête quand même.  À vous aussi.






5/04/2014

Cinq questions pour Planète F, le nouveau magazine sur la famille

Mariève Paradis et Sarah Poulin-Chartrand sont toutes deux journalistes indépendantes et mères.   Il y a à peine plus d'un an, elles eurent l'idée de donner naissance (jeu de mots très songés) à un magazine sur la famille, mais différent de tout ce qui existe.  Exit les trucs d'allaitement, les questions pratico-pratiques et les recettes : elles voulaient se concentrer sur les vraies questions de fond sur la famille.  La semaine dernière avait lieu l'accouchement (encore un beau jeu de mots fort à propos!) de leur magazine en ligne, Planète F, financé en partie via Kickstarter. Plusieurs collaborateurs chevronnés alimentent ce nouveau média d'information sur la famille : le journaliste et reporter Luc Chartrand (L'Actualité, Radio-Canada), Amélie Daoust-Boisvert (Le Devoir), Maude Goyer (Journal de Montréal, Châtelaine, Rythme FM), l'artiste multidisciplinaire Camille Lavoie, Catherine Mathys, journaliste indépendante et animatrice (Musique Plus, Radio-Canada) et Danny Raymond, ex-stratège en communication, devenu journaliste scientifique et collaborateur de Naître et grandir.

Malgré l'énervement suscité par cet heureux événement, elles ont eu la gentillesse de m'accorder une entrevue.

PF from Bruno Barriere on Vimeo.

1.       Quelle réflexion vous a poussé à démarrer votre magazine? Pourquoi la famille?  Vous en donnez les prémisses sur votre site, mais comment s'est produit le déclic?
Mariève: C’est par frustration comme parent d’abord, de lire que des trucs, des conseils et des recettes. Il y a des sujets fouillés qui touchent la famille qui ne sont pas abordés par les magazines destinés à la famille. Et aussi par frustration comme journaliste. Parce qu’on nous refusait parfois des sujets parce que c’était trop controversés, ou on préférait des témoignages au débat de fond de la question. Donc c’est venu sur la table dans un lunch entre deux amies, journalistes indépendantes… Mais on a eu le goût de poursuivre cette idée.

Sarah: Mariève le résume très bien. Je dirais aussi que j'ai eu la confirmation qu'on avait raison lors du dernier congrès de la FPJQ (Fédération des journalistes). AUCUN média destiné aux parents n'était présent, alors que des médias spécialisés y sont. Est-ce à dire que tout ce qui touche aux enfants, à la famille, aux parents (bref, à pas mal de monde!) n'entre pas dans le milieu journalistique? La famille, c'est un gros sujet de société, il faut s'y intéresser comme tout autre sujet: politique, environnement, santé, etc.


Journaliste indépendante depuis 2005, Mariève Paradis travaille sur plusieurs plateformes (web, magazines, hebdomadaires, radio et télévision).
2.      Quels sont les sujets sur la famille qui méritent le plus d'attention selon vous? 
Mariève: On a tellement de sujets qu’on veut aborder! Mais entre autre l’école primaire est le prochain dossier. Les garderies aussi est un sujet qui nous intéresse. L’utilisation des technologies numériques en famille, la vaccination, l’immigration… Notre terrain de jeux est immense! Le plus important c’est qu’on veut que chaque thématique contienne des articles fouillés, basés sur des études scientifiques, des rapports, des recherches. On retourne à la base pour offrir du contenu fouillé.

Sarah: Je dirais que tout sujet peut être traité selon l'angle famille, et selon l'approche Planète F. Prenons l'exemple des devoirs. Ailleurs, on le traiterait "micro": comment faciliter les devoirs, des trucs pour faciliter le retour à la maison, etc. Nous, on le traitera "macro": D'où vient la tradition des devoirs,Eest-ce que des chercheurs, des pédagogues les remettent en question, Comment ça se passe ailleurs dans le monde, Peut-on revoir la manière dont en pense l'école et les devoirs à la maison, etc.
3.      Le sujet de la famille est souvent abordé dans une perspective très féminine. Comment accrocher les hommes sur ce sujet?
Mariève: Justement, ça fait partie de la volonté de Planète F d’inclure les parents comme une équipe. Et comme on sort de la gestion quotidienne de la famille (lunchs, siestes, lavage, etc.), et qu’on aborde plutôt des dossiers de société, je crois que les pères pourront trouver leur compte!

Sarah: C'est vraiment un travail de longue haleine, je crois, de démontrer que les sujets familles s'adressent aux pères. En fait, ce n'est pas que ceux-ci ne s'intéressent pas à la famille (au contraire!), mais on leur réserve habituellement un "spécial papas" une fois par an, ou on les met dans des cases: les activités papa-fiston, les films de gars... Ce n'est clairement pas ça Planète F! Comme le dit Mariève, les sujets de société les intéressent au même titre que les mères. On veut qu'ils sachent que ce magazine s'adresse à eux autant qu'aux mères.


Sarah Poulin-Chartrand est journaliste indépendante depuis 2011, et diplômée en journalisme de l’Université de Montréal.
4.      Quel est selon vous le sujet le plus tabou en lien avec la famille?
Mariève:   Il y a beaucoup de tabou en santé. Beaucoup d’information erronée circule. Mais la parentalité c’est tabou en général parce qu’on parle beaucoup d’expériences personnelles, de vécu. Et l’interprétation n’est pas la même pour tout le monde. C’est surtout pas TOUJOURS une extraordinaire expérience où tout le monde est fin, tout le monde est gentil, et où les fleurs poussent en bonbon… Planète F ne veut pas imposer de trucs, de conseils, de manière de faire ou de penser. Nous souhaitons exposer des situations. Le lecteur est assez intelligent pour faire l’interprétation de l’information.

Sarah:
on dirait qu'à chaque nouvelle petite «controverse» au Québec, on se rend compte que les sujets tabous liés à la famille ne manquent pas: l'allaitement (bonjour Mahée Paiement!), les pères porteuses (bonjour Joël Legendre!), tout finit par être le tabou de quelqu'un. J'ai donc de la misère à en choisir un. Pour nous, c'est ça qui rend Planète F intéressant: un sujet dérange? On va le creuser! Mais le sujet qui me fait le plus réfléchir en ce moment, c'est le fait de ne PAS avoir d'enfant. J'aimerais trouver une place pour ça sur Planète F. Les filles sans enfants sont constamment jugées à mon avis. Est-ce devenu le tabou numéro un? Peut-être... 


Un abonnement de 25$ permet de consulter tous les contenus du magazine en ligne Planète F
5.      Pendant longtemps, les questions familiales étaient de l'ordre de la sphère privée et associées exclusivement aux femmes.  Comment cette thématique est-elle devenu un enjeu de société?  Enfin, croyez-vous que c'est un enjeu de société qui concernent tous les citoyens?  Même ceux qui n'ont pas d'enfants?
Mariève:  La famille, c’est pas juste un sujet pour les parents, c’est aussi un sujet de société… Et tout le monde devrait s’y intéresser. Même ceux qui n’ont pas d’enfants. D’ailleurs, c’est un sujet qui nous intéresse ça… Il y a des gens (hommes ET femmes) qui ne veulent pas d’enfants. Et on les écoute peu. Quand on sort de la gestion quotidienne, des trucs et des conseils, ça conseille tout le monde! Les enfants sont les futurs citoyens. Il faut aussi justement offrir du contenu plus large pour intéresser tout le monde.

Sarah: ah ben zut, j'avais pas lu la dernière réponse de Mariève ;) Mais oui, la famille, c'est pas juste des parents et des enfants, c'est pas seulement un noyau étanche. Les enfants de la DPJ, les enfants de la secte Lev Tahor, etc, j'ose espérer que ça vient chercher tout le monde ces histoires-là! Faut-il être parent pour s'intéresser aux conséquences de nos politiques sociales, économiques, éducatives, sur les enfants? Je ne crois pas. On s'intéresse aux aînés avant d'en être un, non? C'est vraiment un changement d'habitude à faire: voir la famille comme faisant partie de la société, pas comme des petites cellules qui font chacun leurs trucs de leur côté.

4/26/2014

Too Sane for this World - un nouveau documentaire sur l'autisme

Mon petit L.P est un enfant autiste, mais très joyeux et sociable.  Il lui a fallu plus de temps que les autres pour maîtriser le langage, mais maintenant qu'il parle, il n'arrête plus.  En fait, il ne se soucie pas tellement de l'autre quand il parle.   Il doit l'apprendre.

Au quotidien, on me dit «Votre fils n'a tellement pas l'air autiste! ».  C'est peut-être pour me faire plaisir, mais je ne sais pas vraiment à quoi ça rime, car malgré des traits de personnalité qui en font un être plutôt extraverti, il a beaucoup de difficulté à reconnaître les codes sociaux appropriés ou à fonctionner adéquatement en groupe.  Et parfois, il se réfugie quelque part dans sa tête, là où on a pas accès.  Non, il ne ressemble pas au personnage de Rain Man, c'est vrai, mais sait-on vraiment à quoi ça ressemble un autiste?  J'en doute, car on s'accroche encore beaucoup aux stéréotypes. On parle encore beaucoup trop de l'autisme en tant que phénomène, plutôt que d'apprendre à véritablement connaître les personnes autistes.

Récemment, Cinéma Libre Studio, une boîte de production californienne, m'a envoyé un lien pour visionner en primeur un nouveau documentaire qui nous fait découvrir la vie de douze adultes autistes.

What is Autism? Video Clip from Too Sane For This World Documentary from Cinema Libre Studio on Vimeo.

Sans être un chef d’œuvre du documentaire, Too Sane For This World, est un beau film qui a le mérite de mettre de l'avant douzes autistes, dont certains avec le syndrome d'Asperger et d'autres considérés comme autiste de « haut niveau », comme Temple Grandin (auteure et professeur), Robyn Steward (musicienne et formatrice / mentor pour les autres sur le spectre), Greg Yates (qui a étudié la biophysique et la psychologie à l'Université de Berkeley et au MIT, et fondateur de Autismtheory.org) et Rudy Simone, qui a écrit quatre best-sellers sur le syndrôme d'Asperger, dont Aspergirl, un ouvrage destiné à aider les femmes à vivre avec le syndrôme d'Asperger.


La force de ce documentaire de 63 minutes est de nous permettre de faire connaissance avec des adultes autistes qui savent fort bien décrire leur réalité, comment ils ont souvent été exclus - voire ostracisés - en particulier à l'école, mais également, comment ils en sont venus à avoir une prise de conscience de leurs particularités tout en développant leurs talents. Certains des participants de ce documentaire sont un peu moins articulés - ce qui trahit peut-être davantage leur condition, mais dans l'ensemble, ils ressemblent à monsieur-madame-tout-le-monde...à première vue.  Or, ce n'est pas parce qu'un trouble du développement n'est pas visible à l'oeil nu qu'il n'existe pas.  Le spectre de l'autisme est vaste et complexe et regroupe des gens de tous les horizons et qui souvent passeraient inaperçus.  Et c'est peut-être pour moi le plus grand constat.  Je recommande fortement à tous les parents d'enfants autistes et enseignants à visionner ce documentaire, mais je pense que tout le  monde a intérêt à le voir.

  

Working With Autistic People Video Clip from Too Sane For This World Documentary from Cinema Libre Studio on Vimeo.

Le documentaire est disponible aux en DVD depuis le 8 avril (aux États-Unis) et pourra être commandé en ligne au Canada sur le site transactionnel Cinémalibrestore à compter du 8 mai.  Il n'y a pas encore de date de distribution pour le Canada, mais les écoles et universités peuvent communiquer directement avec Cinéma Libre pour en faire l'acquisition.  Voici les coordonnées ci-dessous.

Relations avec les médias :
Beth Portello, VP, Marketing & Publicity
Cinema Libre Studio | 8328 De Soto Ave. | Canoga Park, CA 91304
Tel: 818.349.8822 | Fax: 818.349.9922 | www.cinemalibrestudio.com

4/19/2014

Mon top 5 pour rester organisée (et ne pas perdre la raison) #geekmama

Ma vie ne serait pas la même sans la technologie.  La technologie est devenue centrale dans ma capacité à organiser le train-train quotidien.

Le wifi est devenu une nécessité, au même titre que l'électricité.  Il n'y a que les appareils ménagers qui ne sont pas branchés à Internet chez moi. 



Au fil du temps, je suis devenue une grande utilisatrice des applications et de divers sites applicatifs pour organiser mon univers.  Je les partage avec vous et si vous en avez d'autres à proposer, laissez-vous aller!

Voici mon top 5 d'applications et de sites utiles :

1. To do ist : une liste de To do gratuite et bien faite.  Facile d'utilisation.  Se gère sur le web ou sous forme d'applications ou d'extension pour navigateur.  On peut gérer jusqu'à 80 « projets » dans la version gratuite et partager des tâches.  On peut également associer son compte à Google pour en maximiser l'utilisation dans Gmail via une extension dans Firefox.

2. Google Agenda : tout le monde connaît Google, Gmail et son agenda.  Mais moi, je l'utilise à fond. Tous mes rendez-vous et ceux des enfants y sont, les dates de début des cours de natation, de soccer.  Même l'horaire du recyclage et des ordures. Les camps d'été, les fêtes d'anniversaires, les journées pédagogiques.  En tant que parents séparés, nous partageons une partie de l'agenda.  Ainsi, tout ce qui concerne les enfants est en mode partagé.  Évidemment, l'agenda est très important pour me rappeler un rendez-vous quelques jours avant grâce à un système d'alerte.  J'oublie moins souvent ainsi.

3. Netvibes : je l'avais laissé tomber pendant un moment car je trouvais qu'il fonctionnait mal, mais j'ai récemment renoué avec cet excellent outil.  Essentiellement, il s'agit d'un outil qui permet de se créer divers tableaux de bord pour regrouper toutes les informations dont on a besoin, mais également y regrouper tous ses comptes de médias sociaux, son compte de courriel Gmail (ou autre), ses listes de «to do» (dont To do ist).  On peut se créer de nombreux tableaux de bord sur diverses thématiques.
Très utile pour le parent « infovore » et un peu « control freak ».

4. Pocket : pas le temps de lire tout ce que vous trouvez d'intéressant sur Internet? Pas de souci.  Avec l'extension Pocket, qui existe aussi sous forme d'application, vous pouvez sauvegarder d'un clic les articles que vous voulez lire plus tard grâce à un bookmarklet associé à votre navigateur.  Ainsi, quand vous êtes sur le web, vous pouvez sauvegarder votre article dans Pocket.  Quand vous êtes dans l'autobus, dans une salle d'attente ou en file à la caisse du supermarché, vous pouvez lire vos articles sauvegardés sur votre téléphone intelligent.  C'est gratuit et cet outil se combine aussi facilement à votre compte Google.

5. Le SMS : meilleure invention après le téléphone à mon avis.  En retard à un rendez-vous? Un petit message et tout le monde est prévenu. Idéal pour rester en contact avec les amis bien sûr, mais avec ses enfants adolescents aussi..... Mon fils n'est pas encore ado, mais bientôt je sais qu'il me préviendra de ses déplacement par la magie de ces petits messages textos.  Je vois mes ami-e-s l'utiliser avec leurs ados et je trouve que c'est l'outil idéal.   

Quel est votre rapport à la technologie?  Avez-vous trouvé des moyens utiles de l'intégrer à votre quotidien?  Quelles sont vos applications préférées pour organiser la vie familiale?

4/05/2014

On s'habille directement dans le panier à linge


 Est-ce que ça vous arrive?



Moi, ça m'arrive de plus en plus souvent....




www.hypersmash.com/dreamhost/

4/03/2014

Être parent est un sport extrême

Me revoicie après des mois d'inactivité et un hiver pas possible.

Quand j'ai cessé d'alimenter mon blogue en novembre dernier, j'ai pensé à le fermer.  Je vous ai même écrit un beau message d'adieu larmoyant, mais il est demeuré dans mes brouillons car je n'étais pas encore certaine que l'aventure de la blogosphère était terminée pour moi.

Alors, j'ai réfléchis.  J'ai passé de nombreuses soirées à fixer le plafond du salon à me demander pourquoi je continuerais à bloguer. Je me disais qu'elle était peut-être passée cette mode de bloguer sur le thème de la maternité.  Je me disais que je devrais peut-être passer à autre chose après toutes ces années. Pourtant, même si je n'avais plus l'énergie, j'avais encore envie de partager avec vous..

En fait, je n'avais plus envie de faire l'effort de continuer simplement parce que j'étais fatiguée.  Vraiment fatiguée.  Fatiguée au point de laisser tout traîner dans la maison,  au point d'oublier de faire le lavage et de m'alarmer à dix heures du soir parce qu'on avait rien à porter pour le lendemain.  Fatiguée au point d'acheter que des repas préparés ou congelés pendant des semaines. Fatiguée au point de ne plus avoir envie de regarder l'agenda de devoirs de mon aîné et carrément écoeurée de tous les formulaires d'école à remplir.  Je n'avais plus envie de voir en peinture toutes les intervenantes et éducatrices spécialisées pour mon cadet autiste.  Je n'avais plus envie de coopérer.  Il me semblait que tout le monde était après moi.  J'avais envie d'avoir la paix.   Juste la Sainte paix!

Or, sans m'en rendre compte, ce retrait de la blogosphère a pourtant fait naître en moi une réflexion sur nous, les parents, hommes et femmes.   Devenir parent est exigeant car on ne sait jamais ce qui nous pend au bout du nez.  C'est un peu comme un saut en bungee (quoi que je n'ai jamais eu le courage de le faire même si j'ai déjà eu le goût).   Avant de se lancer dans le vide, on en a envie, on le souhaite de tout coeur, mais un jour, on est en haut du tremplin et il faut sauter.  On ne sait pas à quoi s'attendre, on a des papillons dans l'estomac, on frétille d'excitation à l'idée de tenir un petit poupon tout rose dans les bras.  On n'en dort plus.  Des fois, on a peur.

Et puis un jour, on retient sa respiration et on saute. Le coeur nous manque.  Ça ne ressemble en rien à ce qu'on avait lu dans les livres.    On a mal au coeur, ça fait mal partout, ça déchire.   On se dit : « oh non, qu'est-ce que j'ai fait? » et puis on espère que ça arrête quand ça fait 72 heures qu'on ne dort plus.

Mais la « ride » n'arrête jamais.  C'était écrit en petits caractères quelque part au bas du contrat, mais on a rien vu et on a signé.   Comme en bungee, on saute puis on rebondit.  Et on ne cesse de rebondir.  Par moment, c'est même pire que le saut en bungee, car lui, il s'arrête au bout d'un moment.  Mais on ne cesse jamais d'être parent. 

Et puis, les épreuves n'étaient pas prévues au contrat non plus.  C'était pas écrit nul part qu'on allait déchirer bord en bord à l'accouchement.  Non, cette information est réservée aux initiées. Notre enfant est handicapé ou malade.  C'était pas prévu.  On voulait un seul enfant et on a des triplets.  Pas prévu non plus. On a la grippe espagnole avec 200 degrés de fièvre, mais il faut servir les repas.  C'était pas prévu.  On imaginait une vie équilibrée, parfaitement conciliée, mais on est toujours stressé pareil.  Ça non plus, on n'y avait pas pensé.  On croyait reprendre notre poids santé après la grossesse, pffff.   On croyait que nos beaux petits enfants mignons n'allaient pas développer un caractère de chien?  Re-pfffff.   On croyait qu'on n'allait jamais se chicaner avec notre amoureux ou nos enfants.  Désolée, on ne vit pas dans un conte de Walt Disney.  On croyait vivre en famille nucléaire jusqu'à la fin des temps?  Sorry, better luck next time.

Bref, être parent, c'est comme pratiquer un sport extrême.   On ne sait jamais ce qui va arriver, on doit faire des prouesses impossibles pour se sortir de situations inimaginables (on doit même raconter de petits mensonges parfois!),  on doit se plier en quatre ou même en huit pour faire plaisir, on doit négocier serré les virages, affronter des tsunamis d'émotions et d'humeurs féroces et toujours garder le cap.  Et quand ça va mal, on se ferme les yeux pour ne pas avoir peur.  Et pourtant, malgré tout, on aime ça.  Tellement, qu'on recommence.

Mais des fois, on est seulement fatigué de repousser les limites.  Juste ça.  Et il faut prendre un break.   C'est ce que j'ai fait.

Et j'ai retrouvé la forme. ;-)