1/24/2007

Si la famille québécoise vous intéresse...

Si les destinées de la famille québécoise est un sujet qui vous passionne, Radio-Canada dévoilera, dès le 29 janvier, les résultats d'un sondage CROP sur le sujet. La comédienne Mireille Deyglun et son conjoint Jean-François Lépine, animeront quotidiennement une émission qui sera consacrée à l'analyse des résultats du sondage. Pour notre grand plaisir, un site consacré à la famille a été érigé pour soutenir cette programmation spéciale qui prendra fin le 2 février.

En vrac, quelques points d'intérêt :

L'album photo virtuel : envoyez votre photo de famille préférée

Le questionnaire : vous pourrez ensuite comparer vos résultats à ceux du sondage

Toutes les thématiques seront abordées, de la conciliation famille-travail à l'éclatement du modèle familial en passant par l'éducation des enfants, la résolution de conflits, etc.

Ajout du 18 mars 2007 :

Lu sur Cybersolitaire : un sondage sur l'état de la famille montréalaise.

1/23/2007

Des nouvelles de St-Constant

J'aimerais remercier M. Thibault de St-Constant d'avoir pris la peine de porter à mon attention que c'est lui, et non son épouse, qui a décidé de renoncer à ses aspirations professionnelles pour s'occuper de ses enfants. Il s'agit d'un beau geste encore très atypique parmi la gent masculine et je suis sincèrement ravie d'apprendre que certains de nos hommes décident d'élever les enfants à la maison et y prennent plaisir en plus :

À tous ceux et celles qui auront lu ce mot dans La Presse, j'espère que vous aurez compris que c'est Papa Roch qui a choisi de mettre un bémol sur ses choix en suspendant son parcours professionnel et non maman. Et c'est grâce à l'ouverture d'esprit de mon épouse que j'ai pu grandir auprès de nos enfants. Comme quoi on peut briser certains stéréotypes. S'il est un appel, il s'agit avant tout de dire qu'élever un enfant c'est merveilleux, que ce n'est plus l'affaire exclusive de maman, et oui messieurs les papas nous pouvons revendiquer ce privilège de grandir avec nos enfants en étant à la maison avec eux. (message de M. Roch Thibault)

Je suis tout à fait d'accord avec vous, élever un enfant c'est merveilleux et rester à la maison pour le voir grandir est un privilège extraordinaire.

Pour ceux ou celles qui n'auraient pas compris le sens de mon commentaire : je ne suis pas contre les parents qui décident de rester à la maison pour élever leurs enfants. C'est noble, c'est bon et c'est certainement agréable à plusieurs égards.

Ce que je dis : j'en ai contre un certain discours parental qui ne reconnaît pas qu'une famille heureuse puisse exister sous diverses formes. Les parents qui restent à la maison n'ont pas le monopole des familles heureuses. Dans votre lettre, M. Thibault, c'est le message que j'ai cru décoder.

1/21/2007

Famille parfaite à St-Constant

En tant que mère, ce qui m’indispose le plus ce sont les autres parents qui, comme un certain Roch Thibault de St-Constant, «s’autocongratulent» publiquement de leurs choix de vie, insinuant au passage que tous les autres parents du monde qui n’ont pas suivi le même moule sont de mauvais parents.

Dans La Presse du 20 janvier 2007, à la page 8 du cahier Plus, la lettre de M. Thibault [pdf ] a été primée Lettre de la semaine. M. Thibault se félicite, ainsi que sa tendre épouse, d’avoir élevé trois beaux enfants « équilibrés, polis et courtois, respectueux, aimant l’école, rayonnants, volontaires ». Selon M. Thibault, ce succès est directement attribuable au fait d’avoir renoncé, en tant que couple, à des idéaux professionnels. Et si j’ai bien compris, c’est la tendre épouse de Monsieur qui a davantage renoncé à exploiter ses objectifs professionnels.

Il s’agit certes d’un noble choix et je le respecte. Ce qui me met hors de moi, c’est le message à peine subtil de M. Thibault : leur méthode est la seule formule gagnante pour cultiver une famille heureuse et des enfants épanouis :

« Nous avons choisi de nous faire jardiniers, et comme cela demandait une présence de tous les instants, nous avons renoncé à un certain mode de vie pour nous concentrer sur ce projet de jardinage de l’amour. Vous devinerez que l’un de nous s’est investi plus concrètement dans ce jardinage, ce en renonçant à d’autres choses comme à cette importance démesurée à la réussite professionnelle ou à l’accumulation de biens. En choisissant de grandir auprès de nos enfants, en osant être plutôt qu’avoir, nous récoltons aujourd’hui ce que nous avons semé. Par choix d’amour, nous avons offert ce que nous croyions de mieux à nos enfants, et nous y croyons toujours ».

Le choix du couple Thibault-Moses est sans doute excellent, mais comment peut-il insinuer que c’est le meilleur et le seul souhaitable? Il y a autant de modèles familiaux qu’il y a de familles et c’est d’abord la qualité de la relation que nous entretenons avec nos enfants qui détermine leur propension à s’épanouir sainement.

Mon conjoint et moi-même travaillons tous les deux et notre fils, qui aura 3 ans le mois prochain, fréquente une garderie à plein temps et ce, depuis l’âge de un an. Notre fils a pourtant des bases solides. Malgré nos occupations, il nous reconnaît en tant qu' « adultes significatifs » dans sa vie. Tous les jours, il nous raconte sa journée passée à la garderie et d'heureux échanges prennent place entre nous à l'heure du souper et le lendemain au petit déjeuner. La fin de semaine, nous consacrons religieusement nos samedis et dimanches en famille. Nous regardons ensemble les « petits bonhommes » en déjeunant ; en après-midi, notre fils participe –bien que symboliquement - au ménage, nous allons nous promener à la montagne ou faire les courses ensemble. Ces moments que nous passons en famille, nous les vivons intensément et harmonieusement.

Sa vie est aussi colorée par la relation exceptionnelle qu’il entretient avec son grand-père qu’il voit quotidiennement. Même si sa marraine habite loin, il lui parle au téléphone hebdomadairement. À la garderie, il adore ses éducatrices et elles lui rendent à merveille. Ses petits amis forment une société à laquelle il est parfaitement intégré. En somme, notre fils a un environnement stable, il est entouré d’adultes qui l’aiment, le respectent, le reconnaissent en tant qu’individu. La venue d'un deuxième enfant dans notre petite famille ne fera que renforcer les liens déjà solides entre nous.

M. Thibault, ce n’est pas parce que les deux parents travaillent qu’ils sont de « méchants » carriéristes qui consomment à outrance. Et même si des parents étaient carriéristes, il se peut que leur relation soit impeccable avec leurs enfants. Être présent dans la vie d’un enfant, c’est d’abord reconnaître pleinement qu’il existe, c’est lui rappeler quotidiennement qu’il est important et c'est de préserver le fil du dialogue avec lui. Combien de familles dites traditionnelles ont manqué à ces principes?

Je vous félicite d’avoir cultivé une belle famille, M. Thibault, mais de grâce, ne condamnez pas - même entre les lignes - les parents qui ont un mode de vie différent du vôtre.

1/16/2007

Champions de la natalité

Les médias nous apprennent que les Français sont les champions de la natalité en Europe avec 2 enfants par femme.

On associe généralement le succès du taux de fécondité au progressisme des politiques de conciliation famille-travail. Selon le démographe Hervé Le bras, la tradition nataliste en France s'expliquerait grandement par la tendance historique des Françaises à avoir peu d'enfants.

(NDLR : Dans un article publié dans le Devoir dans l'édition du 20-21 janvier 2007, M. Lebras s'explique avec plus de précision :

Les bons résultats français ne sont probablement pas étrangers au fait que les Français se préoccupent depuis très longtemps de la natalité. Dès 1750, en Normandie, on s'inquiétait du petit nombre de naissances. Les mouvements natalistes apparurent dès la fin du XIXe siècle, alors que certains attribuaient la défaite française de 1870, aux mains de la Prusse, au fait que les Français ne faisaient plus assez d'enfants. )

Parmi les politiques incitatives qui permettent aux Françaises de demeurer actives sur le marché du travail après la naissance de leur enfant, il y notamment l'école maternelle publique et gratuite pour les enfants à partir de 2 ans et qui accueille pas mois de 190 000 enfants de moins de trois ans. Environ la moitié des quelques 2.4 millions d'enfants de mois de trois ans en France bénéficie d'un mode de garde aidé par la collectivité tandis que les crèches accueillent 1 enfant sur dix. Les assistantes maternelles s'occupent de 680 000 enfants.

Plus important encore, les Françaises bénéficient d'un appui favorable de la collectivité. Avoir des enfants et travailler est normal et bien vu.

Le quotidien Libération pousse encore plus loin en qualifiant le modèle de conciliation famille-travail français de modèle d'«indépendance féminine». Si les Françaises sont les plus fécondes, elles demeurent aussi les plus actives une fois devenues mères de famille. À cet égard, les propos du sociologue François de Singly, rapporté par Libération, portent à réfléchir:

«L'arrivée de l'enfant ne signifie pas un changement d'identité, et, une fois sur deux, n'implique même pas le changement de statut familial (mariage). La Française est mère mais entend bien garder son capital scolaire et professionnel, son capital de séduction : elle considère qu'elle peut jouer avec l'ensemble de ses potentialités et a droit, éventuellement, à une autre vie.»

Par ailleurs, aux États-Unis, où le nombre de naissances par femme demeure élevé (2,054 en 2004), les politiques natalistes sont rares ou inexistantes. Selon le rapport de 2004 [pdf] du bureau de la statistique américain (US Census Bureau), 60% des mères avec un seul enfant demeurent actives sur le marché du travail, comparé à 51% de celles qui ont deux enfants. Ce pourcentage est encore plus élevé (76 et 77% ) quand la mère a un baccalauréat ou un diplôme d'études supérieures, comparativement à celles qui ont un diplôme d'études secondaires (52% et 32%). Par contre, les mères dont le revenu est plus élevé ont moins d'enfants. Celles dont le revenu familial varie de 35 000$ à 75 000$ ont 1.8 enfants tandis que celles dont le revenu est de 20 000$ et moins ont 2.1 enfants.

Depuis 1990, on avait remarqué que la majorité des nouvelles mères retournaient au travail l'année suivant la naissance de leur enfant (59%). Depuis 2002, ce pourcentage a baissé à 55%, laissant supposer qu'un plus grand nombre de mères décident de rester au foyer, au moins la première année suivant la naissance de leur enfant.

Donc, aux États-Unis, celles qui ont des familles nombreuses ont tendance à rester à la maison. Selon l'analyse préliminaires des données statistiques de 2005, le taux de fertilité serait encore à la hausse, mais surtout chez les Noires, les hispanophones, les autochtones, les asiatiques et les résidantes de la côte du Pacifique. Chez les femmes caucasiennes, le taux de natalité serait légèrement à la baisse. Si l'indice de natalité continue d'afficher un taux élevé chez les 25-29 ans, l'augmentation la plus significative est parmi les femmes de 30 à 44 ans. Enfin, en 2005, on remarque aussi une augmentation des naissances hors-mariage. Ceci coïncide avec le fait qu'une majorité d'américaines choisissent le célibat ou l'union libre.

1/13/2007

Parlons de congé parental

J'ai souvent entendu mes semblables fantasmer sur le progressisme des politiques familiales européennes. Pourtant...

Si les nouveaux parents suédois font pâlir d'envie la planète entière avec leurs quinze mois de congé parental, dont un mois est exclusivement réservé au père, les parents québécois ne sont pas bien loin derrière. Le régime d’assurance parental québécois qui est entré en vigueur en janvier 2006 octroie aux travailleurs qui ont cotisé au régime, 52 semaines de congé payé. Les prestations accordées varient de 55% à 75% du salaire hebdomadaire, selon la durée du congé choisi, et le plafond salarial annuel assurable a été établi à 57 000$. Le congé peut être partagé entre le père et la mère.

Au début de janvier 2007, le congé parental est entré en vigueur pour la première fois en Allemagne. Les nouveaux parents peuvent désormais bénéficier de 67% de leur salaire pour prendre soin de leur poupon pendant les 12 premiers mois. Évidemment, cette politique n’a d’autres ambitions que de stimuler les naissances dans ce pays où le taux de fécondité est de 1,36 enfant par femme. Si la nouvelle du congé parental suscite un vent de satisfaction pour certaines, d'autres considèrent que cette mesure sera inefficace compte tenu de la rareté des services de garde.

En Suisse, le congé de maternité est en vigueur depuis le 1er juillet 2005. Les nouvelles mères ont droit à 80% de leur salaire pendant 14 semaines après la naissance de leur enfant. Récemment, quelques entreprises suisses ont pris l’initiative d’offrir un congé de paternité de quelques semaines à leurs employés masculins.

En France, qui figure au rang des pays progressistes en matière de conciliation famille-travail, l'Assemblée nationale vient d'amender le congé de maternité. Les femmes enceintes ont droit de prendre 6 semaines de congé avant l'accouchement, mais pour satisfaire celles qui désirent travailler jusqu'à terme, il a été décidé qu'elles pouvaient reporter leur congé après l'accouchement.

1/11/2007

Dot-Moms, mères américaines

J'adore lire les mères américaines de la blogosphère.

Mes préférées, les Dots-Moms, racontent leurs petites misères et leurs grandes joies, de la grossesse à l'allaitement, en passant par les petits cacas, les nuits blanches, la frustration ou la satisfaction de rester à la maison, la solitude, le mariage, le divorce, les problèmes scolaires des plus vieux ou la difficulté de partager les tâches ménagères. Elles sont plus de quarante mères d'horizons différents, américaines pour la plupart, à collaborer à un même blogue.

La plupart d'entre elles sont écrivaines de profession ou par passion, ont leur propre blogue et toutes sont très scolarisées. Pourtant, plusieurs d'entre elles sont mères au foyer ou travaillent à temps partiel. C'est présentement le sujet de l'heure dans les officines de la maternité (terme piqué à la charmante Mère indigne): un nombre de plus en plus important de jeunes américaines scolarisées abandonnent leur vie professionnelle pour devenir mères au foyer, pour le meilleur et pour le pire.

Dans le Elle Québec de février, un article est consacré à l'ouvrage intitulé Mères au bord de la crise de nerf de Judith Warner (Perfect Madness. Motherhood in the Age of Anxiety ).

La journaliste et mère de famille américaine se penche spécifiquement sur la situation des mères américaines. Les Américaines ne se déguisent pas en Betty HomeMaker par pur plaisir, mais plutôt parce que les services pour concilier travail et famille sont rares et très chers, mais aussi parce que la pression sociale les y oblige. Même si la majorité des mères américaines travaillent (81% en 1999) , la "Mère américaine", avec un grand M, est encore, pour nos voisins du sud, la grande responsable du bien-être de la famille et par extension, de la société toute entière, d'où cette obsession maladive pour la recherche de la perfection dans tout. Pression, vous avez-dit?

L'histoire ne s'arrête pas ici. Cette pression imposée aux mères s'accompagne aussi de discrimination. Cooper, l'une des collaboratrices de Dot-Moms, rapporte qu'il est tout à fait légal pour un employeur de la Pennsylvanie (et de 28 autres États) de demander à une candidate si elle est mariée et a des enfants. Si ce même employeur est peu disposé à embaucher une mère (qui de toute évidence sera bien moins performante au travail!), il peut le faire sans l'ombre d'un souci. Autrement dit, la mère doit préférablement rester à la maison pour élever sa famille dans l'harmonie et l'allégresse, car de toute évidence, elle ne fera rien de bon au travail étant trop absorbée par ses rendez-vous manqués avec la marmaille.

Un organisme de défense des droits des mères a ainsi vu le jour en Pennsylvanie. Moms Rising fait la promotion des droits des mères et revendique une société plus "family-friendly". Le MotherHood Manifesto reprend les grandes orientations de leurs revendications : des congés de maternité payés, des horaires de travail flexibles, des émissions éducatives choisies par les parents, assurance-maladie pour tous les enfants, législation pour assurer la qualité de services de garde abordables et le droit des femmes de bénéficier de conditions salariales égales à celles des hommes.

Y parviendront-elles?