3/31/2007

La carte de la famille était gagnante...

Toute la semaine durant, je me suis demandée ce que j’avais à dire au sujet des résultats électoraux de lundi dernier. Qu’avais-je à dire en tant que mère, en tant que parent?

Les uns ont expliqué la montée de l’Action démocratique en l’attribuant à une certaine revanche des régions ou à une manifestation de la xénophobie profonde des Québécois. D’autres l’ont attribuée à l’expression des citoyens déçus par les fusions-défusions. D’autres encore y ont vu un ras-le-bol généralisé à l’égard de l’option souverainiste et de la polarisation du discours politique. D’autres, enfin, ont interprété le vote de lundi soir comme l’expression d’un besoin de changement profond de nos institutions, que ce soit en éducation ou en santé.

À ceux qui voient dans la popularité montante de l’ADQ une montée d’une droite menaçante, je vous rappellerais que les deux tiers de l’électorat Québécois ont quand même voté pour l’un ou l’autre des partis traditionnels – le Parti libéral ou le Parti Québécois – ce qui en soit nous permet de penser que la majorité a encore confiance dans les idées du centre gauche ou du centre droit.

Ceci dit, en misant sur la famille, le parti de Mario Dumont a probablement gagné le cœur des familles de la classe moyenne, qui ont de la difficulté à obtenir une place à 7$ et à concilier travail-famille. Depuis un an, le Québec connaît une remontée des naissances et c’est là, d’après moi, un indice que les priorités des Québécois et Québécoises se tournent vers la famille. En ce sens, le discours de l’Action démocratique a su en charmer plusieurs parmi ceux encore étrangers à l’ensemble des idées proposées par le parti.

La promesse d’une allocation hebdomadaire de 100$ a su frapper favorablement l’imaginaire de nombreux Québécois de la classe moyenne, qui déjà s’imaginent recevoir un chèque de quelque 5 000$ à la naissance de bébé no 3. Qui plus est, toutes ces mères exténuées par la course travail-garderie calculent déjà la différence entre leur chèque de paye habituel et le « revenu » d’une mère au foyer avec trois enfants d’âge préscolaire. Pour bien des femmes dont le salaire est moins élevé que celui de leur conjoint, la mince différence entre leur salaire hebdomadaire additionné des frais de garde et toutes les autres dépenses liées au travail (transport, habillement, etc.) et une future allocation hebdomadaire peut les inciter à rester à la maison.

Dans la même veine, des couples ont peut-être été séduits par la promesse de l’ADQ de rembourser les traitements pour l’infertilité. D’autres, plus âgés, ont peut-être donné leur vote à l’ADQ en espérant qu’une commission d’enquête fera la lumière sur les mauvais traitements donnés aux personnes âgées. Les personnes âgées font aussi partie de la famille…

Certes, le Parti libéral et le Parti Québécois avaient aussi quelques idées pour aider les familles. Les deux partis promettaient l’ajout de 20 000 places dans les CPE. Le PQ proposait un programme pour aider les jeunes couples à l’achat d’une première maison. Québec Solidaire proposait la mise en place d’une politique familiale « globale, transversale et féministe », qui inclurait entre autres une allocation universelle pour tous les parents et un service d’aides ménagères et familiales - peut-être inspiré de ce qui existe en France - et une reconnaissance économique des aidants naturels. Les idées de QS sont très bonnes, mais on en a peu entendu parlé et le niveau de langage utilisé (et je parle ici des termes « global, transversal et féministe ») trouve difficilement preneur auprès des gens de la classe moyenne des banlieues et des régions. Les mêmes idées auraient peut-être eu plus de succès si elles avaient été formulées autrement.

Or, aucun de ces partis n'a véritablement fait campagne en misant sur la famille, sauf l’ADQ. Conséquemment, en votant pour ce parti, les électeurs ont peut-être eu l’impression qu’ils se doteraient d’une solution globale pour leurs besoins immédiats en liens avec la famille – faire des enfants, s’en occuper, les faire soigner, les faire instruire. Et à ceci pouvait s’ajouter la préoccupation de plusieurs concernant le sort de leurs propres parents, qui risquent de finir leurs jours à manger de la purée dans un CSHLD ou un centre d’accueil.

L’intérêt d’un gouvernement minoritaire, c’est qu’il obligera les représentants de chaque parti à travailler sur ses idées. Chaque citoyen se sentira davantage interpelé par les débats qui se manifesteront. Les adéquistes obligeront probablement les libéraux à se pencher davantage sur les besoins des familles, tandis que les députés du Parti Québécois et du Parti libéral contribueront à repositionner plus au centre des idées adéquistes trop à droite. Ainsi va la démocratie…

Le temps n’a jamais été si favorable pour réfléchir à une véritable politique familiale.

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