4/29/2011

La famille saoulée par le bonheur

Au 20e siècle, Yvon Deschamps a érigé le bonheur en monologue célèbre.

En ce début de 21e siècle, la recherche du bonheur est devenue une sorte de convention, le sceau des gagnants, et le gagne-pain lucratif d'un million de gourous.  Le bonheur est devenu un moyen chic de contourner les échecs et d'ignorer l'adversité.

Et pourtant, les échecs et l'adversité existent encore.  Quand nos enfants reviennent de l'école avec une défaite, tous les bons manuels nous suggèrent de leur apprendre à voir le positif de leur déconfiture, de leur montrer que l'échec peut se transformer en opportunité et bla,bla bla.  Est-ce vraiment la bonne approche? Nos enfants ont-ils encore le droit d'être déçus, peinés, découragés?

Et nous, les parents, quand nous vivons l'échec, avons-nous le droit de le vivre ouvertement face à notre progéniture?  En ce 21e siècle, peut-on être malheureux et vivre nos peines sans se cacher dans le fond de la salle de bain?  Notre recherche du bonheur est-elle si intense qu'elle se doit d'ignorer les petits creux de la vie? S'il est possible de trouver mille et une façons de nourrir la joie et le bonheur familial, faut-il pour autant cacher nos tourments à nos enfants?

Les déceptions de la vie peuvent-elles être pleinement vécues en famille? Avons-nous encore le droit, en tant que parent, en tant qu'enfant, en tant que famille, à notre pot de crème glacée, à notre demi-tonne de chocolat et à tous les autres petits plaisirs coupables qui nous permettent d'imprimer nos revers dans le quotidien?  Est-il plus sain de chercher sans cesse un sens positif à nos malheurs, que de les accueillir tels qu'ils se présentent, de les vivre sans pudeur, de se consoler et d'apprendre à aimer notre vie même avec ses tracas, sans essayer à tout prix d'en extrapoler une vision positiviste? 


Le bonheur familial doit-il ignorer l'adversité?  Faut-il saouler la famille dans un bonheur niais pour en assurer son épanouissement?

2 commentaires :

  1. Je ne crois pas qu'il faille igonrer l'adversité. Ça arrive. C'est normal de de fâcher, d'être déçue, découragée, et que nos enfants nous voient ainsi. Toutefois, je pense qu'il ne faut pas de complaire dans le malheur, et montrer à nos enfants que malgré tout, il est toujours possible de se reprendre en main et de se revirer sur un dix sous... Les problèmes sont fréquents dans la vie, il faut savoir les affronter et continuer d'avancer après avoir pris un temps qui ne s'étire pas inutilsement pour encaisser le coup. Tout est une question d'équilibre, je crois...

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  2. Quel grand questionnement! D'après moi c'est une question de confort personnel. Je me sens plus à l'aise de pleurer mes défaites devant mon bébé de 15 mois que devant mon conjoint, car je n'ai pas encore à craindre son jugement.

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