C'est à regret que je n'ai pu me rendre au lancement du Guide de survie des (Z)Imparfaites la semaine passée (j'aurais bien aimé vous revoir les filles, mais j'ai pas trouvé de gardienne) mais depuis, j'ai suivi avec grand intérêt la plupart des entrevues (ici, ici, ici et ici) qu'ont données Nadine Descheneaux et Nancy Coulombe, les auteures du guide et de leur désormais célèbre blogue. Toute la semaine, elles ont expliqué ce qu'était selon elles, une mère « imparfaite ». En gros, c'est une mère qui tente d'échapper à la pression qu'exerce sur elle la société pour qu'elle excelle en tout, en tout temps, tout en s'oubliant. C'est une mère qui exerce son esprit critique et qui refuse de succomber au mythe de la « supermaman ».
J'ai profité d'une réunion de famille pour demander à ma belle-mère de 76 ans ce qu'elle pensait de la pression que nous ressentons de devoir exceller tout le temps.
Ma belle-mère a élevé presque seule 6 garçons et une fille dans les années 50 et 60. Son mari n'était pas très présent de son vivant et il est décédé quand son plus jeune avait neuf ans. Elle a tiré le « yâble par la queue » par bout, c'était pas facile. A-t-elle ressenti la pression de devoir être parfaite, de devoir se surpasser en tant que mère? Sa réponse : «Non, on faisait on faisait notre possible, c'est tout. ».
C'était avant la bible du célèbre Dr Spock (elle ne l'a jamais lu), bien avant Parents efficaces et tous les autres guides sur l'art d'être parent. C'était à une époque où les mères se fiaient à leur instinct. Et faire « son possible » n'était pas toujours parfait, mais à cette époque c'était le mieux qu'on pouvait s'offrir. Et les résultats n'étaient pas toujours mauvais, au contraire...
À l'heure du « parenting » extrême, des « Super Nanny » et de la multiplication des études sur les bienfaits de l'allaitement et des couches lavables, avons-nous encore le droit de faire « notre possible »?
Aimer ses enfants, en prendre soin, les nourrir, les protéger, les éduquer correctement. Arriver à en faire des êtres qui seront un jour des adultes capables de se débrouiller. C'est la base, l'essentiel, non? Est-ce possible d'élever ses enfants sans toujours avoir le sentiment d'être en compétition avec la soeur, la cousine, l'amie, la belle-soeur, la voisine ou la mère des autres petits « zamis » de la garderie? Avons-nous le droit de faire nos propres choix sans constamment être jugées dans le regard des autres (et notre propre regard)? Devons-nous être mises au pilori si nos enfants ne sont pas tous des petits Einstein en puissance?
Ne faut-il pas aussi faire notre possible pour sauver notre santé mentale? Une mère dépassée, névrosée, archi-stressée, culpabilisée, toujours en train de se comparer, n'aide pas tellement à l'évolution de ses enfants...
Ma belle-mère pense qu'on se met beaucoup trop de pression sur les épaules. « Vous avez déjà assez de pression d'même, ajoutez-en pas plus! C'est pas mauvais de vouloir se renseigner, de s'éduquer et de faire les bons choix pour nos enfants, mais de grâce, rappelez-vous que le "mieux" est parfois l'ennemi du "bien"».
Ainsi, on manquera peut-être une partie de soccer à cause d'un meeting, le petit dernier ne saura pas lire à 2 mois, on ne verra peut-être pas nos enfants 24/7, il y aura peut-être un peu de poussière dans la bibliothèque, on mangera du McDo plus souvent, on achètera peut-être la paix avec un popsicle, on ne fera pas de championnat de scrapbooking ou des concours de galettes aux raisins et nos enfants ne se qualifieront pas tous pour le collège privé le plus huppé en ville.
Mais ils sauront qu'on les aime parce qu'on aura fait notre possible, même si c'est pas parfait.
Merci belle-maman!
10/18/2009
Ma belle-mère est une imparfaite!
Publié par :
Christine Simard
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