6/04/2007

Chérie, où est la voiture?


Dans la vie d'une petite famille banlieusarde, il y a des événements marquants, qui sans être totalement dramatiques, dérangent pourtant notre routine bien établie. Mercredi passé, au retour du travail, mon fiancé m'appelle alors que je suis dans l'autobus :

-Chérie, où as-tu laissé la voiture ce matin?

Le film du début de la journée défile à pleins gaz dans ma petite tête : je me suis levée à l'heure habituelle, j'ai pris ma douche, je me suis habillée, ai réveillé fiston, ai démarré la cafetière, ai séché mes cheveux, me suis maquillée, ai préparé le gruau de fiston, nous avons déjeuné ensemble, je l'ai habillé, ai préparé son sac à dos, j'ai barré la porte de la maison. Ok, jusque là, tout va bien. Ca y est, on s'installe dans la voiture, dépose mon café à l'avant, nos sacs à dos, sacoche et tout le tra-la-la. Je démarre, je recule dans la rue, je fais marche avant. Suis-je partie par la gauche ou par la droite?

Habituellement, je fait un virage à droite, mais il m'arrive de prendre la gauche simplement pour déjouer la monotonie. Or, ce matin, j'ai tourné à droite, je m'en souviens maintenant. Mais oui, on a croisé l'autobus scolaire! Ok, ok...on fast-forward la séquence. Je me revoie à la garderie, je stationne la voiture, ouvre la portière derrière le siège du conducteur, ramasse les sacs à dos (mon fils trimballe avec lui son sac de Flash McQueen en plus du sac à dos réglementaire pour la garderie). Je referme la porte, traverse de l'autre côté de la voiture, ouvre l'autre portière et fiston est là, impatient de sortir de son siège. Clip, clip, je détache la ceinture. Comme tous les matins, il ne faut surtout pas que je l'aide à descendre : "Je suis capable, maman". Je lui passe son sac à dos qu'il doit lui-même enfiler sous peine d'une sévère réprimande de sa part si j'ose l'aider. "Dépêche-toi un petit peu, il pleut", lui dis-je sur un ton ferme et maternel (ou l'inverse!). On rentre dans la garderie, lui enlève son manteau, l'accroche. On fait le câlin, le bisou, je repars. Jusque là, rien d'anormal.

Je me revoie reprendre le volant de mon bolide (je teinte la réalité d'un peu d'imagination ici...). Il est 7h45. L'autobus se pointera dans dix minutes. Je me dépêche sans pour autant dépasser la limite de vitesse (maman prudente et consciencieuse) et me dirige vers...où c'était déjà? C'était bien au stationnement incitatif, non? Mais oui, c'était bien ça. Oui, je me revois qui gare la voiture, je prends ma tasse de café, ramasse mes sacs derrière le siège du conducteur. Je referme les portières. Les ai-je verrouillées? Mon cerveau n'a pas emmagasiné ce détail, car il s'agit d'un automatisme. Si l'automatisme est "automatique", je les ai donc verrouillées.

-Chérie? Es-tu là? Je t'ai posé une question, où as-tu laissé la voiture ce matin?

Je reprends contact avec la réalité...

-Au même endroit qu'à l'habitude...je crois...

-Tu crois ou tu en es certaine? Elle n'est pas dans le stationnement.

-Oh non!

-Mais si.

-Bon dieu, dépêche-toi d'appeler mon père pour aller chercher fiston à la garderie. Tu risques d'avoir une contravention si tu arrives en retard (j'ouvre une parenthèse ici : je suis sur le point de me rendre à l'évidence que notre voiture a été volée, mais ce qui me préoccupe, c'est de me faire coller une contravention si on va chercher notre fils en retard. Je mettrais ma main au feu que notre situation exceptionnelle n'aurait su émouvoir qui que ce soit. Je persiste à croire que je suis traumatisée par le système de contravention des garderies pour les parents qui arrivent en retard).

-Oui, oui, c'est fait, affirme-t-il (j'ouvre une deuxième parenthèse : mon chum est au beau milieu du stationnement incitatif de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), sous la pluie, cellulaire à la main, encore sous le choc). Donc, si je comprends bien, tu es en train de me dire que la voiture a été volée.

-Ben, j'imagine. Es-tu certain que tu n'es pas dans la lune? Elle est peut-être là et tu ne la vois pas? (je suis en phase de dénégation).

-Non, elle n'y est pas, je te dis.

Il faut bien que je me rende à l'évidence. Notre voiture a bel et bien été volée dans le stationnement de l'AMT. Stationnement dont le but est de nous inciter à prendre les transports en commun. Je l'ai encore de travers dans la gorge. Pourquoi ces stationnements ne sont-ils pas surveillés? Croyez-vous que le maire Tremblay a pensé à ce petit détail quand il a dévoilé son sublissime plan de transport en commun il y a deux semaines? Je ne suis pas la première à se faire dérober sa voiture dans l'un de ces stationnements et certainement pas la dernière si rien n'est fait pour améliorer la sécurité de ces lieux. Dommage, car j'aime bien le concept du stationnement incitatif. Or demain, je prendrai ma voiture de location pour me rendre au boulot et je contribuerai au réchauffement de la planète.

Bref, nous en sommes à remplir les mille et uns formulaires d'assurances et à racheter le kit nécessaire pour l'auto dont le siège d'enfant. Nous aurons une voiture neuve, mais le stationnement lui, sera-t-il toujours sans surveillance? J'ai déposé une plainte à l'AMT. Reste à voir si elle sera prise au sérieux. C'est à suivre...

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